LA PRESSE




Créer sur un pied d'égalité

Elle vient d'écrire la chanson Égalité avec une ritournelle en russe. Une commande de l'association Pote à pote.
Mais Bielka espère que les enfants de Montreuil - « véritable kaléidoscope de toutes les cultures» - reprennent en choeur dans toutes les langues ces paroles de fraternité pour endiguer dès aujourd'hui les relents racistes qui ont éclaté ces derniers mois. « Je trouve ces débordements effrayants. »
Sous sa frêle apparence, l'artiste enchaîne les actes artistiques qui dénoncent toutes les formes de barbarie.
Son livre L'Enfant d'après, publié cet automne aux éditions Jets d'encre, fait le récit de la déportation de sa famille et les conséquences que les générations d'après ont subi. Elle, bien sûr, « ma fille aussi ».
Elle termine le montage de son deuxième documentaire : « J'ai suivi l'accueil d'un jeune couple de Roms et leurs deux enfants par une famille montreuilloise. »
Sa contribution d'artiste: défier ceux qui cherchent à ensevelir nos légitimes et indispensables différences par la poésie, la musique, le chant, l'image, l'écriture et le théâtre.
Car Bielka se produit dans son spectacle conté, chanté et créé à La Girandole, La Belle et le tailleur, l'histoire d'un petit tailleur contraint de quitter son shtetl et sa belle Russie pour les faubourgs de Paris.
Elle commence un autre film sur la transmission orale du chant; fait le tour des médiathèques de France pour accompagner des lectures sur la vie des femmes russes.
Entre deux, elle se saisit d'« une harpe de table, un gousli », une guitare, une balalaïka... et fait sonner son espérance. Françoise Christmann

SAVOIR PLUS : "L'Enfant d'après" de Bella Mijoin-Nemirovski aux éditions Jets d'encre.


La Russie de BIELKA.
En russe c'est un écureuil : Bielka chante en russe, mais aussi en yiddish, d'une voix claire et pure comme on n'en rencontre qu'en Europe centrale, tradition toujours vivace.
Accompagnée à la guitare, à la balalaïka et à l'accordéon.
Chansons d'amour et d'humour, de travail et de solitude, qui donnent irrésistiblement envie de voyager "de la mer Blanche à la mer Noire", de danser ou de s'abandonner à la rêverie.
Cette voix là, on ne l'oublie pas.
Vous pouvez la découvrir sur un CD, et en direct, ces jours-ci, sur la petite scène du Tourtour.

Jacques Vassal - 1995


"Bielka, incendiaire sauvageonne de la lignée d'une Barbara Streisand, n'a pas son pareil pour jouer à « saute-méridiens » et nous baguenaude des Carpates aux Balkans, en passant par le Caucase, les rives de la Mer Noire et de la Méditerranée.
Un périple jalonné de mélopées, complaintes, mélodies et berceuses appartenant au répertoire traditionnel russe, yiddish, tzigane ou au monde judéo-espagnol.
Tout un collier de perles noires et blanches, un camaïeu de pastels, un patchwork de couleurs pures et vives qui aiment à se jouer de toute la palette de vos émotions."

Dominique Roger - juin 1996


"Bielka, chanteuse au charme "craquant" et ses musiciens virtuoses de la balalaïka : un moment d'émotion pure au coeur de fête !"


"Bielka, rousse de contes de fées aux tenues dorées, passe du russe au yiddish d'une voix pure dans la lignée de Barbara Streisand"


"Difficile de ne pas tomber sous le charme de bielka, dont la voix grave et émouvante sert un répertoire d'une grande richesse.
Grâce à elle, et aux artistes qui l'accompagnent, l'émotion est chaque fois au rendez-vous."


- Brest 1996 :  Un proverbe grec dit qu'il y a trois sortes de créatures au monde : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer.
Le sage qui s'exprimait ainsi avait certainement écouté les chants de marins, et particulièrement ceux de Bielka qui tenait la scène hier soir au Cabaret du port du Commerce.
Jamais des mots incompris par 99% des spectateurs n'ont suscité une telle émotion.
En russe ou en yiddish, la chanteuse tenait de sa voix chaude les deux pôles de la vie du marin : la nostalgie de la beauté de celle qu'il aime et qu'il quitte pour des horizons chargés de menace, et la joie bruyante de la "recouvrance", dans les chansons à boire des bouges à matelots.
Superbe.


"Bielka est montée sur scène. Sa voix surprenante et entraînante a emmené le public dans une sarabande d'applaudissements et rythmes partagés... Elle a émerveillé par son énergie et son talent...   La tête pleine de sons nouveaux et étonnants le public est unanime : elle a laissé à tous une impression."


"Les quais de la Penfeld, ouverts pour la première fois au public, résonnent encore des mélodies envoûtantes de Bielka, diva russo-cosmopolite."


TRAD MAG n°87 :  Bielka a reçu le chant russe de sa mère, comme un ferment de nostalgie, mais aussi bien sûr comme un précieux patrimoine, un lien. Elle a transmis cette passion et les répertoires qu'elle a sans cesse enrichis à sa fille Souliko.
La mère et la fille, loin des vastes ensembles ronflants et folklorisés, avec délicatesse et émotion, nous proposent ici des chants russes, mais aussi sépharades, géorgiens, tziganes, ainsi que des compositions chansonnières, d'auteurs connus ou anonymes...
Il est toujours vivant et intéressant de prêter attention à ce que maintiennent les diasporas, même séparées de leurs ancrages géographiques depuis longtemps.
Les accompagnements de balalaïkas, guitares, violoncelle et contebasse restent toujours au service des chants, dont les textes bilingues figures au livret.
Mais il faut signaler les personnalités riches et différentes des deux accordéonistes, Jasko Ramic, tzigane de yougoslavie, et sacha Chmykov, qui partagent les arrangements avec Bielka.
L'impression d'être invité dans la chaleur d'une communauté, de son âme, de ses émotions. (...)

Claude Ribouillault - février 2003


BIELKA De la Mer Blanche à la Mer Noire (Autoproduction)

Publié par ethnotempos le 01-Mai-2012

« J'appartiens au peuple de la Musique. C'est un peuple qui ne connaît pas de frontière... Je n'ai pas d'arbre généalogique. Au-delà de mes grands-parents, c'est le Grand Mystère... » La confession liminaire de celle que l'on se plaît à définir comme Russe par sa mère et rousse par sa chevelure en dit long sur l'état d'esprit qui préside à sa démarche artistique. Et comme par hasard, son nom, BIELKA, signifie en russe « écureuil ». La symbolique est toute trouvée : comme cet animal insaisissable le fait de branche en branche, BIELKA vagabonde de pays en pays, de préférence ceux qui parcourent le Grand Est ; des Balkans à l'Oural, ou bien de la Mer Blanche à la Mer Noire...(en version originale : « Ot Bielova Do Tchornova Moria »).

Parce que « la musique est comme l'eau des fleuves, elle ne s'arrête pas aux frontières », BIELKA chante en plusieurs langues : russe, géorgien, yiddish, grec, espagnol, français, breton... Et ce faisant, sa voix donne à découvrir de préférence en panoramique les cultures, les traditions d'Europe centrale et de l'Est, avec cette incompressible volonté de toujours repousser les balises géopolitiques, voire de les ignorer. Car BIELKA s'intéresse surtout aux chants qui racontent les histoires des hommes, des peuples. Et ces chants ne sont pas de nature à se faire stopper aux postes de douane ; ils voyagent par les mers, les fleuves...

Singulièrement, c'est du reste en Bretagne qu'a commencé l'histoire de ce disque, du moins de son répertoire. Car c'est à l'occasion du rassemblement de vieux gréements de Brest 92 que BIELKA avait réuni des chants des bords de mer et des fleuves du nord de la Russie jusquaux rives de la Mer Noire en Ukraine ou dans le Caucase. Un enregistrement a suivi qui a donné naissance à un CD de 17 titres en 1994, qui fut ensuite réédité en 1997 chez Origins avant de disparaître pour finalement resurgir fin 2011. C'est dire si cet album est important pour son auteure, tant il est emblématique de sa vision artistique.

De sa voix forte et porteuse, capable d'exprimer les sanglots les plus amers comme la gravité la plus granitique ou les éclats de vie les plus jubilatoires, BIELKA chante les amours des hommes, la faune, les éléments, les nuits sans lune et sans étoiles, les forêts profondes et touffues, le vent qui rafraîchit les joues, les flots de la Volga, les pieds nus sous la neige, la complainte d'un col-vert, les Sylphides perchées sur les bouleaux, les cigarettes vendues aux marins, bref les petites histoires dans les grands paysages, ou l'inverse...

De la Mer Blanche à la Mer Noire trace ainsi un circuit cosmopolite à travers les mémoires émergées des traditions russe, géorgienne, bulgare, klezmer, tzigane et même judéo-espagnole. BIELKA y chante également des compositions et des poèmes d'auteurs contemporains ou remontants au moins au XVIIIe siècle.

A chaque chant sa panoplie instrumentale : balalaïka, guitare, clarinette, accordéon, doudouk, salamouri (flûte en os), violon, contrebasse, etc., animent cette virée entre deux mers. La plupart des chansons ont été arrangées par BIELKA ou par le joueur de balalaïka Nicolas KEDROFF, mais l'on remarque aussi deux pièces colorées par le synthétiseur de Frédéric ROUSSEAU, qui a su rendre toute l'ambiance sombre de ces contrées éventées et enneigées.

« Ces chants me tiennent lieu d'ascendance », avoue encore BIELKA. C'est pourquoi, même s'il prend la forme d'un recueil de chants traditionnels, cet album raconte en filigrane l'histoire des liens qu'entretient cette chanteuse exceptionnelle avec la Terre-Mère...

Stéphane Fougère